Evernight Falls
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Evernight Falls

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 Tu vas m'éviter encore longtemps ? (Linoa)

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Alexander Thornhill

Alexander Thornhill


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MessageSujet: Tu vas m'éviter encore longtemps ? (Linoa)   Tu vas m'éviter encore longtemps ? (Linoa) EmptyLun 22 Jan 2024 - 15:54

Quand je me suis levé ce matin, rien ne m’avait préparé à la journée qui m’attendait. Assis à mon bureau, je fixe l’écran de mon ordinateur, le regard vague. Voilà presque un an que je me suis installé à Evernight Falls. Et à côté de Détroit, cette ville est exemple de calme, où il y fait bon vivre avec un taux de criminalité extrêmement bas ! J’ai vécu toute ma vie à Détroit, le crime, ça me connaît. Cette ville est connue comme étant l’une des plus dangereuses des États-Unis. À l’échelle mondiale, elle est dans le top dix des villes ayant le plus d’homicides. J’aurais pu choisir un autre boulot, un où je ne risquerais pas ma vie à cause de l’insigne que je porte à la ceinture. Mais voilà, je suis le fils d’un flic. Qui est lui même fils de flic. Trois générations, je ne pouvais pas y échapper. Mais en réalité, j’adore mon métier. J’ai toujours vu mon père et mon grand-père comme des héros sans cape. Petit, je voulais être comme eux. Ado, je me suis un peu rebellé en pensant tout savoir. Et puis, à l’âge adulte, j’ai suivi la voie qu’ils avaient tracé. Aujourd’hui, ils sont fiers de moi, je suis inspecteur à la criminelle. Je résous des homicides et je suis plutôt bon dans ce que je fais… Enfin, ça, c’est quand je ne commets pas d’erreur dont une innocente victime en fait les frais… Je ne vais pas m’aventurer sur ce terrain. Pas maintenant.

Je suis venu à Evernight Falls pour tirer un trait sur mon passé. Je dois avancer, oublier ce qui s’est passé à Détroit. Je ne pouvais pas prévoir ce qu’il allait arriver à pauvre femme. Danielle Parker. Je ne pourrais jamais oublier son identité, ni son regard plein de confiance. Elle était persuadée que je serais le mieux placée pour la protéger… La confiance… Ce truc con que l’on accorde trop souvent aux mauvaises personnes. Là encore, je sais de quoi je parle. Je l’ai accordé à mon ex-femme. Je devais avoir l’air fin quand je l’ai surprise au pieu avec mon meilleur ami. Je ne sais pas qui de nous trois était le plus bête dans cette histoire : Chelsea, qui pensait qu’en me rejetant la faute dessus, son adultère passerait mieux. Thomas, mon meilleur pote qui essayait de se justifier ou qui me disait que ce n’était pas ce que je croyais. Ouais, mon pote à poil dans mon lit en train de faire hurler ma femme mais ce n’est pas ce que je crois. Et puis moi… Moi qui, tout ce temps, n’avait rien vu venir. C’était pourtant prévisible. Après l’échec de mon enquête, je m’étais encore plus plongé dans le boulot pour ne pas avoir à trop y penser. Je ne rentrais que tard la nuit. Quand j’étais physiquement à la maison, mentalement, j’étais ailleurs. Le sexe était le cadet de mes soucis. Ma femme était passée au second plan…

Je sors de mes pensées. Je tends la main pour attraper ma tasse de café. Alors que je la porte à ma bouche, je m’arrête. Je sens qu’elle est froide. Je scrute le fond de la tasse. Ouais, le liquide noirâtre est bel et bien froid. Je l’ai laissé refroidir en me perdant dans la contemplation de mon écran. Avec un soupir, je me lève. Je prends ma tasse, fourre mon téléphone dans la poche arrière de mon jean. Je traverse l’open space encore silencieux. Il est tôt, la plupart des collègues sont en patrouille ou ils n’ont pas encore pris leur service. Souvent, ceux qui sont ici à une heure aussi matinale sont ceux qui terminent leur service de nuit. Et puis, il y a moi, et quelques autres personnes. Je n’ai pas de famille, personne qui m’attend à la maison. Je n’ai même pas un chien ou un chat pour me tenir compagnie. En même temps, j’ai du mal à faire vivre un ficus alors un animal… J’aime bien le commissariat à cette heure-là. C’est un peu le temps mort. Les criminels commencent à se faire rare, ils restent encore quelques heures de tranquillité avant que l’on doive relâcher les bourrés de la nuit, les toxicos, les dealeurs, les prostituées et leurs clients. Les appels se font plus rares. Mais ce n’est que le calme avant la tempête. Bientôt, tout ce beau monde va se réveiller. Du moins, c’est comme ça que ça fonctionne à Evernight Falls. À Détroit, il n’y avait pas de moment de répit. Depuis que je suis ici, j’ai appris à savourer ces moments d’accalmie. Aussi courts soient-ils. J’ai traversé l’open space. Je traverse le couloir. Mon instinct me dit de me préparer à un impact. C’est une sensation fugace, je ne la comprends pas. Elle a disparu aussi soudainement qu’elle est apparue. Je tourne la tête. Le couloir est pourtant vide. Mes sourcils se froncent légèrement, je ne comprends pas pourquoi j’ai ressenti ça. Je pousse la porte de la salle de pause, bien décidé à me reservir un café. Mais elle est là. Linoa.

Je comprends mieux pourquoi mon instinct me prévenait. Cette femme perturbe chacun de mes sens. Chaque fois que je la vois, je me sens plus vulnérable. Il y a quelque chose en elle qui m’attire alors que je sais pertinemment que je vais me brûler les ailes. Ce n’est pas seulement sa beauté ou son sourire qui semble éclairer la pièce. Il y a quelque chose en plus. Sa capacité à lire en moi comme dans un livre ouvert. Comme si je ne pouvais rien lui dissimuler. Nous avons eu une brève histoire, quelques mois. Mais comme Chelsea, Linoa n’a pas supporté que je vive pour mon travail. Mais Linoa a eut le respect de me larguer plutôt que de me tromper dans mon lit. Elle ne sait pas ce qui me hante, ce qui me tient éveillé tard la nuit au point que j’en deviens insomniaque. Elle ne sait pas que la culpabilité me ronge de l’intérieur et que, bientôt, je ne serais plus qu’une coquille vide. Je finirais sûrement en hôpital psychiatrique à cause d’une dépression. J’en suis persuadé mais je n’arrive pas à me sortir du cercle infernal dans lequel je me suis plongé. Et parler… ce n’est pas mon truc. Alors quand Linoa a rompu, je ne l’ai pas retenu. Je ne la mérite pas, elle mérite un homme qui prendra soin d’elle, qui l’appellera chaque jour. Elle mérite un homme qui l’emmènera au restaurant pour un dîner romantique ou qui lui dira : « Chérie, prépare un sac, on s’envole à Venise ! ». Moi, je suis marié à mon métier. Je l’ai chevillé au corps…

Quand ses beaux yeux marrons se lèvent pour rencontrer mon regard, je sens que mon coeur s’arrête un bref instant. J’ai envie de l’embrasser, l’allonger sur la table et couvrir son corps de baisers. Je me rappelle douloureusement de ces nuits que nous avons passé ensemble. Ces nuits où je lui accordais mon attention, pleine et entière… Terrain glissant, Alex ! N’oublie pas, vous avez rompu aussi à cause de la hiérarchie. Ce n’est jamais bien vu que deux collègues de la police fricotent ensemble ! Je lui offre alors un sourire poli, dissimulant les pensées qui s’entrechoquent dans mon esprit, avant de lui dire :

« Salut Linoa, comment vas-tu ? »
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Linoa Fernandez

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MessageSujet: Re: Tu vas m'éviter encore longtemps ? (Linoa)   Tu vas m'éviter encore longtemps ? (Linoa) EmptyLun 22 Jan 2024 - 19:50

Le week-end s’est avéré affreux. Prise soudainement de violente nausée, Linoa a passé tout son samedi matin la tête dans la cuvette des toilettes à vomir tripes et boyaux. La moindre odeur a provoqué des hauts de cœur. Et la perspective de manger aussi. Au début, elle était persuadée que c’était à cause du tacos qu’elle a avalé la veille à vitesse grand V pendant sa pause du midi. Sauf qu’à force de faire des aller et retour entre son salon et les sanitaires, le doute a commencé à s’installer. Elle s’est précipitée vers son frigo pour regarder le planning qu’elle tient régulièrement à jour. La douche froide s’est abattue lorsqu’elle s’est rendue compte qu’elle a trois semaines de retard. Ses jambes ont vacillé et elle s’est retenue maladroitement au comptoir de sa petite cuisine pour ne pas tomber. Impossible ! C’est pas possible ! a-t-elle tenté de se convaincre. Il y a forcément une explication logique à tout ça. C’est le tacos. Je peux pas être… Elle a refusé de songer au mot tant qu’elle n’aurait pas la preuve concrète qu’elle est bien enceinte… Dès qu’elle en a senti le courage, elle s’est précipitée à la première pharmacie du coin. Les joues aussi rouges que des tomates, elle est arrivée devant la pharmacienne pour acheter son tout premier test de grossesse. Une fois enfermée dans les toilettes et après avoir fait pipi sur la languette, le résultat est tombé : enceinte de six semaines. Linoa a eu l’impression qu’une enclume lui est tombée dessus et a broyé l’intégralité de son corps.

Pendant deux jours, elle a ruminé sur son canapé, évitant d’avaler trop de nourriture au risque de courir à nouveau aux toilettes. En quarante-huit heures, elle a trouvé un bon compromis entre du thé au citron et un peu de riz. Le café ? Même pas en rêve ! Rien que l’odeur lui soulève l’estomac. Son expresso en a fait les frais le dimanche matin au réveil. Mais ce qu’elle redoute le plus, c’est le lundi… Obligée de retourner travailler et de fatalement croiser celui qui a su planter sa graine en elle. D’ailleurs, qui dit encore “graine” de nos jours ?! C’est la boule au ventre que la jeune femme se rend au comissariat. Depuis un peu plus de huit mois, elle a intégré la section scientifique des forces de l’ordre. Ce choix de carrière est loin d’être anodin pour la demoiselle. Flic scientifique de jour, chasseuse de démon la nuit, Linoa a trouvé le bon plan pour détecter les activités anormales qui ont lieu dans la petite ville d’Evernight Falls. Sans savoir réellement pourquoi, celle-ci abrite un pic d’activité démoniaque en tout genre et depuis qu’elle œuvre ici, son tableau de chasse n’a fait que de s’agrandir. Alors qu’elle pénètre dans son bureau, dieu merci, sans avoir croisé personne, elle s'assit quelques minutes sur son fauteuil pour prendre le temps de souffler et de refouler la vague de panique qui a menacé de l’envahir lorsqu’elle a franchi les portes du commissariat. A cette heure-ci, il n’y a quasiment personne - pour ne pas dire personne. Et comme Linoa ne dormait plus depuis plusieurs heures, elle n’a pas perdu de temps avant de se mettre en route.

Tranquillement, elle ordonne ses pensées. Si elle s’organise bien, elle ne le croisera pas aujourd’hui. Alexander est réglé comme du papier à musique. Elle connaît chacun de ses horaires, elle sait à quelle heure il a pour habitude d’arriver, et aussi à quelle heure il se pointe en salle de pause pour prendre son café. Elle peut le faire. Elle peut l’esquiver autant de fois que possible. Forte de ses convictions, la jeune femme se lève et prend avec elle sa tasse et un sachet de thé au citron - seule boisson chaude qu’elle arrive à tolérer sans courir jusqu’à la première cuvette. Elle n’a pas besoin de beaucoup de temps pour faire bouillir un peu d’eau, la verser dans sa tasse et retourner dans son bureau. Dix minutes, max. Elle appuie sur le bouton de la bouilloire et en attendant que l’eau chauffe, elle jette un coup d'œil à son téléphone. Elle fait un bref tour des réseaux sociaux pour se tenir au courant de ce qu’il se passe dans le monde. Et quand elle fait ça, c’est surtout qu’elle va jeter un œil dans le groupe privé de chasseur qu’elle a rejoint il y a quelque temps. Quelques pics d’activité sont à noter de l’autre côté du continent ainsi qu’en Alaska. Linoa n’a pas le temps de s'épancher plus longtemps car l’eau commence à bouillir et il est temps pour elle de s'éclipser de la salle de pause pour retourner dans la tranquillité de son bureau et étudier les résultats des dernières analyses reçues par la centrale. Alors qu’elle verse son eau dans son mug, la porte de la salle s’ouvre sur précisément celui qu’elle ne voulait absolument pas croiser : Alexander.

Perturbée par sa présence, elle manque de faire déborder l’eau de sa tasse. Elle s’arrête de justesse avant de se brûler les doigts et de casser la vaisselle. Elle repose la bouilloire et tente de faire comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes. Discrètement, elle prend une grande inspiration et expire lentement avant de l’affronter. Lorsqu’elle relève la tête vers lui, le reste du monde s’efface. Alex a cet effet sur elle, et ce depuis le premier jour. Son cœur cogne dans sa poitrine à cause de l’intensité des sentiments qu’il lui inspire. Pourtant, c’est elle qui a décidé de mettre un terme à leur relation… La jeune femme en a tout simplement eu assez de passer en second plan quand il est bien trop pris par le boulot pour lui accorder la moindre attention. Au début, Linoa a été totalement séduite par le dévouement et le sérieux qu’Alex porte à son travail, mais au fil des mois, c’est devenu pesant. Pourtant, ça marchait plutôt bien entre eux lorsqu’il prenait la peine de se souvenir qu’elle existait… Mettre carte sur table n’a pas été facile. Loin de là. Malgré la force de ses sentiments, elle a préféré mettre un terme à leur relation avant que la situation ne s’envenime et qu’ils n’en souffrent de trop. Chose que l’ex femme d’Alexander n’a pas fait et a préféré coucher avec son meilleur ami pour combler le manque d’affection… Oui, Linoa est au courant de cette histoire… Quand elle et lui ont commencé à avoir une relation, la jeune femme l’a pris tel qu’il est : avec ses qualités, ses défauts, et cette alliance qu’il ne semble pas encore capable de retirer de son doigt… Peu de femmes auraient accepté ce dernier point, mais elle s’est montrée compatissante et a accepté de voir ça comme un besoin de faire son deuil avant de franchir cette ultime étape. Ce n’est qu’un détail, mais qui rentre malgré tout dans l’équation, même s’il ne pèse absolument pas lourd dans la balance.

Salut Alex, souffle-t-elle. Un peu fatiguée, mais ça va, et toi ?

Le croiser n’était vraiment pas prévu au programme. Sauf qu’il l’a prise au dépourvu en arrivant bien plus tôt. Elle reporte son attention sur sa tasse d’eau chaude et y plonge son sachet de thé. A tous les coups, s’il la regarde de trop prêt, il va deviner ce qu’elle cache. Non, mieux, il sait déjà ce qu’il y a. C’est écrit en gros sur son front. Et puis, pourquoi lui a-t-elle dit qu’elle était fatiguée, hein ? Idiote ! s’insurge-t-elle contre elle-même. Mécaniquement, elle frotte son front comme pour effacer son état écrit en gros sur sa peau au marqueur indélébile. Lorsque sa peau commence à la brûler, elle arrête et essaie de plaquer un sourire sur son visage. Il faut qu’elle parte. Elle doit rejoindre son bureau au plus vite, et reprendre son programme : éviter Alexander pour le reste de la journée jusqu’à ce qu’elle ait décidé quoi faire du polichinelle qu’elle a dans le tiroir.

Bon, dit-elle d’un ton qu’elle espère déterminée. Passe une bonne journée, je file. J’ai énormément de boulot. Tu sais ce que c’est, hein ?

Tant bien que mal, elle essaie de le contourner tout en évitant de se brûler les doigts à cause de son mug beaucoup trop chaud, et surtout en évitant de se laisser envahir par l’odeur musqué d’Alex qui a une fâcheuse tendance à la rendre folle et a déconnecté son cerveau.
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Alexander Thornhill

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MessageSujet: Re: Tu vas m'éviter encore longtemps ? (Linoa)   Tu vas m'éviter encore longtemps ? (Linoa) EmptyMar 30 Jan 2024 - 12:00

Evernight Falls a beau être une petite ville, elle cache bien des surprises. Avant les rêves étranges que je faisais, je ne savais même pas qu’elle existait. Et puis, ma vie a connu un tournant désastreux. Le mort de mon témoin clé alors que j’avais juré de la protéger, la tromperie de Chelsea et le divorce qui en a résulté… Je pensais me plonger à corps perdu dans mon travail, mais mon esprit avait décidé que je devais quitter Détroit. J’avais alors commencé à rêver d’Evernight Falls. Une nuit, puis deux… Après des semaines de rêves de cette ville où je n’avais jamais mis les pieds, je m’étais décidé. J’avais demandé ma mutation et j’étais parti. Mon capitaine de l’époque, bien qu’il regrettait mon départ, m’avait assuré que ça me ferait du bien de changer d’air. Alors oui, ici la vie est bien plus calme. Je connais la plupart des habitants à force de les croiser au bar du coin ou au supermarché. Je me tourne souvent les pouces, il faut dire que les homicides sont rares. Mais je ne pensais pas que je rencontrerais une femme comme Linoa Fernandez.

Après mon divorce, j’étais bien décidé à rester seul. J’avais passé une dizaine d’années aux côtés de la même femme. Me retrouver soudainement célibataire était perturbant. Et puis, je n’avais pas la tête à me remettre dans le jeu de séduction, les rendez-vous galants et tout ce qui entourent les relations. Je ne vivais que pour mon travail… Et c’est au commissariat que je l’avais rencontré. Linoa est belle, intelligente et, du haut de ses vingt-cinq ans, elle est incroyablement mature. Elle a les pieds sur terre. Les choses se sont faites toutes seules, du jour au lendemain, nous formions un couple. Bien-sûr, nous étions obligés de cacher notre relation à nos supérieurs. Les relations entre collègues ne sont jamais vu d’un bon oeil, surtout dans un commissariat de police. Mais j’avais bon espoir… Je m’étais trompé. Si Linoa comprenait que mon travail était important à mes yeux, elle ne savait pas que je ne vivais que pour ça… Elle ne savait pas que ce n’était pas seulement mon devoir moral qui me donnait envie d’aller travailler… Non, la culpabilité me rongeait de l’intérieur. Chaque matin, je me lève avec cette sourde douleur dans la poitrine. J’ai failli à mon devoir de protéger une femme innocente. Et je vivrais avec ce poids jusqu’à la fin de mes jours…

Je sais que la décision de Linoa est juste. Je ne suis pas l’homme qu’il lui faut. Mais quand je suis face à elle, j’ai envie de balayer tous mes bons principes pour la prendre dans mes bras. J’aimerais lui demander pardon pour toutes ces fois où je l’ai oublié, trop absorbé par un rapport à rendre au capitaine. Je ne le fais pas. Je reste statique, me contentant de l’admirer de loin. Je me sens nerveux, j’ai comme un mauvais pressentiment. Du pouce, je joue avec mon alliance. Un jour, je devrais la retirer. Ma femme n’est pas morte, je n’ai pas un deuil à porter. Non, ma femme m’a trompé avec mon meilleur ami et nous avons divorcé. Je n’arrive pas à me faire cette idée. Le mariage est sacré à mes yeux. Les voeux que l’on prononce sont un engagement solennel que l’on prend. Mais il faut croire que dans mon mariage, j’étais le seul à y accorder de l’importance…
Même si je suis légèrement gêné, je salue Linoa. Ça fait un moment que je ne lui ai pas parlé. Depuis notre rupture, elle semble m’éviter, ce que je peux totalement comprendre… Mais je ne peux m’empêcher d’avoir un pincement au coeur quand je la vois me tourner le dos rapidement pour prendre un autre chemin ou quitter la pièce où nous nous trouvons.

« Je vais bien… Enfin, comme d’habitude, tu sais… »

Ok, là j’ai l’air d’un abruti à ne pas aligner trois mots correctement. J’allais lui demander la raison de sa fatigue mais je la vois se frotter le front. Je fronce les sourcils, ne comprenant pas ce qu’il se passe. Je fais un pas vers elle.

« Euh, tout va bien ? Pourquoi tu te frotte le front comme ça ? »

Mais avant que je ne puisse comprendre ce qu’il vient de se passer, elle est prête à m’esquiver une nouvelle fois. Sa tasse en main, elle me congédie rapidement et tente de me contourner pour s’enfuir. Sauf que cette fois-ci, je n’ai pas l’intention de la laisser s’en tirer aussi facilement. Quand elle passe à côté de moi, je pose doucement la main sur son bras. On va éviter un accident désastreux qui impliquerait l’un de nous et sa tasse fumante ! D’ailleurs, depuis quand Linoa ne boit pas de café le matin ?? Un mystère que je résoudrais plus tard. Pour le moment, j’ai un problème plus urgent à régler.

« Tu sais que tu ne pourras pas m’éviter indéfiniment. Tôt ou tard, il faudra que l’on parle… Alors pourquoi ne pas le faire maintenant pendant qu’il n’y a personne ? »

Je résiste à l’envie que j’ai de l’embrasser, de presser mon corps contre le sien. Je voudrais la sentir frissonner sous mes caresses. C’est mal, c’est égoïste mais le simple contact de ma main sur son bras me rappelle à quel point j’aimais ces moments passés avec elle. Je n’ai pas su les apprécier à leur juste valeur, je n’ai pas assez donné d’attention à cette femme qui était prête à me donner ce qui me manquait terriblement. Il ne me reste plus que des regrets… Sauf que sans même m'en rendre compte, ma main se lève pour aller à la rencontre de son visage. Je caresse sa joue du revers de ma main. Je n'ai rien oublié de la douceur de sa peau, de l'odeur de son shampoing et de ses yeux voilés par le désir que je lui offrais.
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Linoa Fernandez

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MessageSujet: Re: Tu vas m'éviter encore longtemps ? (Linoa)   Tu vas m'éviter encore longtemps ? (Linoa) EmptyLun 5 Fév 2024 - 9:13

Avoir un bébé ne fait pas partie de ses objectifs de vie - tout du moins, pas dans l’immédiat. Du haut de ses vingt-cinq ans, Linoa s’imaginait qu’elle avait encore au moins dix ans pour y songer et prendre une décision. Il semblerait que le hasard ait un peu choisi pour elle. Même s’il lui reste encore la possibilité de choisir, le délai est relativement court. Il lui faut accuser le choc de la découverte pour pouvoir ensuite réfléchir posément à quoi faire. Dans l’immédiat, ruminer pendant tout le week-end lui semble nécessaire. Pas un seul instant depuis que ce test de grossesse s’est révélée positif, l’idée qu’un bébé était en train de se développer dans son ventre n’a quitté son esprit. Elle est effrayée. Elle se demande encore si elle doit être contente de la nouvelle ou bien être tout simplement anéanti. Son essence n’a pas encore suffisamment accusé le choc pour pouvoir prendre une décision. Son avis n’est pas le seul à être pris en considération. Il y a aussi celui de celui qui est venu y planter sa graine…

Sa rupture avec Alexander est encore récente. Dans l’absolu, on peut aisément dire qu’ils se sont quittés en bons termes. Il n’y a pas eu de cri, pas de trahison, pas de tromperie, un peu de larmes pour Linoa une fois seule, qui justifie aujourd’hui qu’ils soient fâchés. Ils pourraient facilement redevenir ce qu’ils étaient à la base : des collègues. Mais l’ont-ils simplement été ? Les choses se sont faites tellement facilement entre eux que la jeune femme ne sait pas exactement à quel moment ils sont passés de collègues aux regards un peu trop appuyés à un couple vivant une aventure assez passionnelle. Linoa a aimé chacun des instants qu’elle a passé avec lui. Et ça ne l’a pas dérangé de faire semblant de rien lorsqu’ils sont au travail. Elle a accepté énormément de choses venant d’Alexander, comme son alliance qu’il semble impuissant à retirer pour le moment. Elle sait que son ex femme l’a trompé avec son meilleur ami, et le traumatisme engendré est sans aucun doute un peu difficile à surmonter. Elle se disait que le moment voulu, il la retirerait de lui-même. Et puis, leur relation était encore trop récente pour qu’elle se montre ainsi exigeante. Alors elle a accepté de laisser ce bout de métal, symbole de son union avec une autre femme, parcourir son corps nu lorsqu’Alexander lui faisait l’amour. Son dévouement pour le travail avait quelque chose de séduisant. La manière dont il se plonge dedans a un peu penché sur la balance quand Linoa a commencé à craquer pour lui - outre le fait d’être d’une beauté rare et d’un charme naturel. Seulement, elle ne s’attendait pas à ce que son travail soit littéralement toute sa vie. Il le lui avait dit, au détour d’une conversation. Et elle était certaine de pouvoir l’accepter. Mais force est de constater qu’elle n’avait absolument pas pris la mesure de ce que cela implique. Au départ, elle prenait sur elle, surtout lorsqu’il oubliait des dîners, ou alors la fois où elle l’a attendu pendant deux heures devant chez lui parce qu’ils devaient partir en week-end... Elle se disait qu’il fallait peut-être qu’il réapprenne à porter son attention sur l’autre, surtout quand ils sont assis sur le même canapé et que son esprit est totalement ailleurs. Et au fil du temps, rien ne changeait vraiment. Alors, lorsqu’elle s’est mise à se demander si lorsqu’il était plongé en elle jusqu’à la garde il pensait aussi à son travail, Linoa a dit stop. Elle n’a pas voulu laisser ses pensées pervertir leur relation, et faire naître sa rancœur. Son ex-femme a laissé faire, et le résultat s’est avéré catastrophique pour lui. La jolie brune a donc préféré avoir une conversation avec lui à cœur ouvert, et il ne l’a pas retenue lorsque la décision qui s’imposait est tombée.

À moins qu’elle ne se trompe, à son sens, Alexander n’est pas prêt pour avoir une vie de famille. Il faudrait que pour cela, il se détache de son travail, et pour le moment c’est peine perdue. Alors comment va-t-elle bien pouvoir lui annoncer qu’elle est enceinte ? C’est la grande question. Linoa ne s’imagine pas ne pas lui dire. Mais il faut déjà qu’elle accuse le choc et qu’elle arrête de paniquer. Ça c’est une toute autre histoire. Surtout en ce lundi matin. Elle sait que leurs chemins peuvent se croiser à tout moment et elle n’est pas prête pour cette confrontation. Alexander a su percer toutes ses barrières de défense pour se faire une place à ses côtés, alors ça ne l’étonnera pas qu’il puisse lire dans ses yeux qu’elle lui cache quelque chose. Elle veut avoir un peu de temps pour elle, et surtout, elle ne peut pas lui balancer la nouvelle au détour d’une conversation entre la pluie et le beau temps. Il n’y a qu’une chose à faire donc : l’éviter autant que possible. Depuis leur rupture, elle essaie déjà de ne pas passer trop de temps dans la même pièce que lui. Les sentiments qu’elle a commencé à développer à son sujet sont devenus suffisamment puissants pour souffrir de leur séparation, et qu’une vague de nostalgie saisit ses entrailles dès lors qu’elle pose ses prunelles sombres sur lui. Alors, il n’y aura rien de bien étonnant à son comportement.

C’est avec cette force de conviction qu’elle franchit les portes du commissariat pour gagner son bureau. Et puis, elle s’est aussi voulue maligne étant donné l’heure indécemment matinale. Alexander est réglé comme du papier à musique. Elle connaît chacun de ses horaires, ainsi que les heures auxquelles il arrive, et celles où il va chercher son premier café de la journée. Linoa est en avance par rapport à tout ça. Elle a donc le champ libre pour aller chercher de l’eau chaude pour son thé - seule boisson chaude qu’elle arrive à garder tranquillement dans son estomac sans devoir courir aux toilettes pour vomir le contenu de son estomac - puis retourner s’enfermer dans son bureau pour travailler sur les analyses et les comptes rendus. Il ne reste qu’à croiser les doigts pour qu’on ne l’envoie pas faire des prélèvements sur le terrain… Et si elle vomissait sur une scène de crime ? Non, elle préfère ne pas y penser. Tout va bien se passer. C’est une journée normale. Ni plus, ni moins. Avec un Alexander qui débarque mille ans trop tôt pour commencer sa journée au commissariat. Bien avant qu’elle le voit, tout son être lui souffle que c’est lui qui débarque dans la salle de pause. Ses gestes oscillent un peu et elle manque de faire déborder sa tasse d’eau bouillante qui accueille son petit sachet de thé. La jeune femme tente de reprendre contenance autant que possible avant de faire une bêtise. Tant pis pour son plan infaillible, elle peut bien agir normalement pendant quelques secondes. Plus rien ne la retient dans cette salle de pause. Mais lorsqu’elle pose ses yeux sur lui, le reste du monde s’efface. La force de ses sentiments fait cogner son cœur contre sa poitrine, espérant vainement que son homologue fasse écho en retour pour pouvoir battre à l’unisson. Ça fait si mal à son cœur lorsque son esprit lui rappelle qu’ils ne sont plus ensemble et que ça ne marchera pas entre eux… Linoa crève d’envie de retrouver la chaleur de ses bras, de le sentir la serrer contre lui, et de l’entendre la rassurer que tout n’est pas simplement perdu, qu’il y a encore un espoir pour eux. L’amour fait beaucoup trop mal…

Elle lui répond une banalité rapide mais vraie. Bizarrement, il la connaît mieux que personne. Il sait lire chacune des mimiques de son visage. Alors si elle ne fait pas elle-même mention de sa fatigue, il la devinera pour elle et se demandera pourquoi elle n’a pas été totalement honnête avec lui… L’intensité de son regard pèse sur elle. La jolie brune sait qu’il n’est pas conscient de tout ce que cela fait naître chez elle, mais quand il la regarde avec cette profondeur azurée, elle a l’impression qu’il est capable de décortiquer son âme et de trouver absolument tous ses secrets. D’ailleurs, peut être même que son état est actuellement écrit sur son front ? Aussitôt, elle se met à frotter sa peau frénétiquement pour effacer tout aveu involontaire de sa grossesse. Et c’est bien pire qu’elle ne l’imaginait car aussitôt cela soulève des questions…

Oui, oui, ça va, répond-t-elle. Ça me gratte, c’est tout.

Bien piètre excuse. Mais Linoa n’a rien de mieux en stock. Après avoir remis la bouilloire sur son socle et pris sa tasse d’eau chaude, il est temps pour elle de prendre la poudre d’escampette. Tout en veillant à ne pas se brûler les doigts, elle contourne Alexander pour retourner à l'abri, dans son bureau. Sauf qu’une main chaude se pose sur son bras et la coupe en plein élan. La réaction de son corps est immédiate, la jeune femme se fige. A travers son pull, la chaleur de sa paume s’inscrit sur sa peau comme un tatouage permanent. Son cœur se met à cogner plus fort dans sa poitrine. Un petit air coupable traverse ses iris sombres lorsqu’elle relève les yeux vers lui. Évidemment qu’elle l’évite. Ce n’est pas nouveau… Depuis qu’ils ont rompu, elle évite au maximum sa présence. Sa grossesse n’est qu’un argument de plus pour passer le moins de temps possible en sa compagnie. Il n’est pas au courant, Linoa. Respire, se dit-elle. Alors qu’elle s’apprête à mettre en pratique son propre conseil et à reprendre son souffle, il la prend au dépourvu lorsque ses doigts viennent caresser tendrement sa joue. Un léger hoquet s’échappe de ses lèvres en réaction à ce contact inespéré. Un doux frisson la traverse et l’électrise. Elle s’abandonne quelques instants à cette caresse. Ses paupières se ferment légèrement, tandis qu’elle offre un peu plus la joue à sa paume. C’était si simple entre eux… Linoa aurait pu tout oublier si la chaleur de l’eau dans son mug n’était pas en train de lui brûler progressivement les doigts. Elle remercie cette petite douleur de la ramener à l’instant présent, et après quelques secondes d’égarement, elle se détache à regret du contact d’Alexander.

De quoi veux-tu parler ? demande-t-elle avec une légère pointe de souffrance dans la voix. On s’est déjà tout dit, je crois…

En tout cas, elle, elle a tout dit. Ou presque. Il n’y a que les derniers événements en date qui sont encore à dévoiler, mais pas aujourd’hui. Pas dans cet endroit impersonnel. Pas comme ça. Si c’est pour parler de leur rupture, à quoi bon ? Elle a parlé, il l’a écouté. Et lorsqu’elle lui a demandé ce qu’il en pensait, il n’a pas semblé vouloir lutter pour la garder. Il a même semblé abonder dans son sens… Alors, près de quinze jours plus tard, qu’y a-t-il de plus à dire ?
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Alexander Thornhill

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MessageSujet: Re: Tu vas m'éviter encore longtemps ? (Linoa)   Tu vas m'éviter encore longtemps ? (Linoa) EmptyMar 13 Fév 2024 - 19:09

En quittant Détroit, j’avais l’intention de mener une vie tranquille, à l’écart de tout. Ce devait être un nouveau départ pour pouvoir laisser mes douleurs passées. Mais je m’étais trompé. En fait, j’avais continué les mêmes erreurs sans en tirer de leçon. La preuve, je m’étais mis en couple avec Linoa, et comme avec Chelsea, je l’avais délaissé au profit de mon travail. Je suis un véritable cliché du flic torturé qui se noie dans son travail pour ne pas avoir à réfléchir à la culpabilité qui ronge petit à petit sa lucidité. Il ne manque plus que je devienne alcoolique et là, l’image serait parfaite. Mais je ne suis pas un adepte de la boisson. Je ne bois qu’en de rares occasions. J’aime pouvoir contrôler mon esprit et mon corps. Je dois être un rabat-joie mais d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu ce côté très raisonnable. Je suis fils unique mais je pense que si j’avais eu des frères et sœurs, j’aurais été la voix de la raison, le médiateur qui essaye toujours d’apaiser les tensions et de calmer les ardeurs de chacun. À cette pensée, j’ai un pincement au cœur. Comme si j’avais perdu quelque chose de très important, de vital même. Mais je n’arrive pas à dire quoi. Je me retiens de me frotter la poitrine. Je me sens bizarre depuis le divorce, j’éprouve des sentiments que je n’arrive pas à m’expliquer. Peut-être le début d’une dépression… Sans parler de ces migraines qui apparaissent soudainement et disparaissent en vitesse. Ouais, il serait peut-être temps que j’aille consulter un médecin…

Mais avant cela, je me concentre sur la magnifique brune qui me fait face et qui a l’air mal à l’aise. Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi. Avec Linoa, il n’y a jamais eu cette gêne que je sens pourtant aujourd’hui. Je le sens qu’elle me cache quelque chose, l’instinct de l’inspecteur ou l’instinct naturel, allez savoir. Cependant, je ne veux pas la brusquer et prendre le risque qu’elle ne se braque. Je voudrais qu’elle me parle d’elle-même… Je suis réservé mais elle sait qu’elle peut tout me dire. Il n’y a pas de raison pour qu’elle me cache des choses. Et qu’est-ce qu’elle pourrait me cacher ? Je ne vois pas. Alors qu’elle s’avance pour me fuir à nouveau, je l’arrête avec douceur. Je ne veux pas la voir partir encore comme si elle fuyait la peste. Je voudrais simplement lui parler, être avec elle. Et je ne suis qu’un putain d’égoïste ! Je la veux près de moi mais je suis incapable de lui offrir ce qui pourrait la rendre heureuse. Et oui, je sais qu’elle ne me demande pas la lune. Linoa a accepté bien des choses pour moi… Comme mon alliance que je n’arrive pas à retirer. Je suis divorcé, et c’est officiel. Aux yeux de la loi, mon mariage avec Chelsea a été dissout. Mais la retirer… Mon cerveau sait que ce serait la meilleure chose à faire pour enfin passer à autre chose. Mon cœur lui… Il est encore à vif. Linoa n’ignore rien de tout cela. Elle a fait abstraction des squelettes de mon placard pour m’offrir tout ce qu’il me fallait… Mais je n’ai pas su lui rendre la pareille. Quand elle m’a annoncé vouloir rompre, je ne l’ai pas retenu. J’aurais peut-être dû… Mais je savais au fond de moi que je la voulais auprès de moi pour des raisons égoïstes. Je n’étais pas capable de m’offrir totalement à elle, une partie de moi restait au commissariat même quand j’étais contre elle… Et quand ma main glisse sur sa peau, je me surprends à vouloir tout recommencer. Je voudrais l’embrasser et lui affirmer que j’allais me battre pour nous deux. Je crois… que je suis amoureux d’elle. Linoa se laisse aller contre la paume de ma main. Il suffirait de si peu pour que ma bouche vienne s’écraser contre la sienne. Mais la réalité nous rattrape durement. Comme Linoa me le fait remarquer, nous avons déjà discuté alors qu’est-ce que je pourrais ajouter de plus…

« Je… »

Je bafouille, oui. Ma voix se perd et je me retrouve à ne pas quoi savoir lui répondre. Comme le jour de notre rupture. Je m’avoue vaincu. Je ne suis même pas foutu de me montrer honnête avec la femme que j’aime. Elle m’a quitté car je ne lui accordais pas assez d’attention. Je ne lui ai jamais parlé de la culpabilité qui me ronge. Chaque nuit, je revois le visage de ce témoin que je devais protéger. Une jeune femme qui avait toute la vie devant elle à qui l’on avait ôté la vie. Tout ça parce qu’elle avait vu et entendu des choses qu’elle n’aurait pas dues. Quand je plonge dans les yeux de Linoa, je prends conscience que je lui dois la vérité. Elle a le droit de savoir pourquoi je lui ai fait perdre son temps.

« Linoa… il y a quelque chose que je ne t’ai pas dit… Et je te dois la vérité. »

J’inspire profondément et me passe la main dans les cheveux. Je me mets à faire les cent pas dans la salle de pause. Je ne sais pas trop par où commencer. J’ai conscience que je dois faire monter la pression de la jeune femme donc je décide de me lancer sans attendre.

« Quand j’étais à Détroit, j’étais sur une affaire. Une histoire de drogues, les gangs. La routine dans un poste de Détroit. Une femme qui travaillait dans un bar a entendu et vu les suspects en pleine transaction. Elle s’est dépêchée de venir au commissariat. Sa plainte déposée, elle a demandé à être sous protection policière. Elle se savait en danger et nous le pensions aussi. On l’a donc installée dans une de nos planques. On se relayait… Un soir, mon tour fini, j’ai laissé ma place à un collègue. Mais ce que nous ne savions pas c’est que certains flics avaient été payés pour offrir sa tête au gang. Le pourri qui m’a remplacé a attendu que je ne sois plus là pour la tuer… »

Mon cœur cogne si fort dans ma poitrine que je me demande si Linoa l’entend aussi distinctement que moi. La culpabilité me ronge toujours autant et pourtant, en parler me fait du bien. Même Chelsea ne sait pas ce qui m’est arrivé. Je refusais de ramener du boulot à la maison ou de la confronter à l’horreur de mon métier. Pourtant, je l’avais fait. Et c’est ce qui nous avait éloigné…

« Chaque nuit, je revois le visage de cette femme. Elle me faisait confiance et je n’ai pas su la protéger. J’aurais dû… »

Ma voix se brisa. Qu’est-ce que j’aurais dû faire ou dire ? Je sais que je ne suis pas coupable, personne au poste ne savait que des flics avaient été corrompus par le gang. Pourtant, je ne pouvais m’empêcher de me sentir coupable. J’avais failli à mon devoir, cette femme comptait sur moi pour la protéger. Et elle était morte. Je fermais les yeux en me passant les mains sur le visage, l’esprit torturé, tiraillé de remords.
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Linoa Fernandez

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MessageSujet: Re: Tu vas m'éviter encore longtemps ? (Linoa)   Tu vas m'éviter encore longtemps ? (Linoa) EmptyJeu 21 Mar 2024 - 17:32

Les sentiments ont la vie dure. Ils sont puissants et impossible à s'en défaire du jour au lendemain. Il n’y a que le temps qui puisse détruire les liens qui se sont créés et entremêlés. La distance aide, aussi, au moins un peu. Mais Linoa est confrontée quasiment chaque jour à la présence d’Alexander. C’est le désavantage de travailler dans la même structure, d’être collègues. Et la séparation en bons termes ne rend pas les choses moins difficiles parce que malgré tout, elle aimait être avec lui. Elle aime tout de lui, ses bons, comme ses mauvais côtés. Ce qu’elle n’a pas aimé, c’est se sentir seule dans leur couple. C’est ce qui les a poussé à la rupture. Découvrir qu’elle est enceinte, c’est la cerise sur le gâteau. Un imprévu qui change absolument tout. S’ils font le choix de garder ce bébé, c’est le risque d’être éternellement lié l’un à l’autre, que ce soit ensemble ou séparément. C’est une décision qui n’est pas à prendre à la légère. Mais avant cela, elle a besoin d’un peu de temps pour se faire à l’idée qu’un petit être grandit dans son ventre, et de trouver le courage de lui annoncer la nouvelle. Et ce temps, elle apprécierait de l’avoir pour elle seule, et ne pas avoir à subir l’influence de la présence d’Alexander à ses côtés. Fuir la salle de pause pour regagner son bureau est la seule et unique solution qu’elle entrevoit. Surtout qu’à l’heure actuelle, tout son corps semble vouloir se rapprocher de lui pour être enfin enveloppé de sa chaleur. Cette proximité lui manque chaque jour un peu plus. Mais il ne semble pas être de cet avis puisqu’il la retient. Le contact de sa main sur son bras lui arrache un frisson. Son cœur bat toujours un peu plus, comme à chaque fois qu’il la touche. Aujourd’hui, il désespère de pouvoir battre à l’unisson avec celui de l’homme qui a su le capturer. Il chante seul une longue et profonde litanie. Sa joue enveloppée dans la paume de sa main est semblable à un baume. Ce contact lui fait du bien. Elle s’abandonne à son contact, se laisse aller, au moins un peu. Elle essaie de se convaincre que c’est pour pouvoir affronter les jours prochains. Elle se ment à elle-même. Mais ce n’est pas grave. Ça ne fera du mal qu’à elle. A personne d’autre.

Linoa doit prendre sur elle pour lui rappeler qu’ils se sont déjà tout dit. Elle ne cherche même pas à lui cacher la souffrance qui émane de sa voix. A quoi bon ? Alexander sait que cette rupture n’est pas sans conséquence. Les paroles de la jeune femme semble le prendre un peu au dépourvu car il n’a pas l’air de savoir quoi lui répondre. La jolie brune à l’impression d’être quinze jours plus tôt lorsqu’il est resté silencieux. Un petit soupir résigné s’échappe de ses lèvres. Il est définitivement temps pour elle de regagner son bureau et d’essayer d’affronter cette journée comme si ce petit moment n’avait pas eu lieu. Elle réajuste sa prise sur son mug dont les effluves de citron embaume les lieux avant de lever la tête pour souhaiter une bonne journée à Alexander, mais il la prend au dépourvu en lui dévoilant qu’il y a des choses qu’elle ignore. Quelque part, Linoa se doutait déjà qu’il garde pour lui des éléments qui impactent considérablement sa vie. Et elle espérait qu’il lui en parle. Ce moment est venu, mais n’est-ce pas trop tard ? Son envie de savoir ce qu’il a de si important à dire est passé en premier plan, balayant son envie de partir. Jamais elle ne saura être méchante avec elle. Elle ne s’imagine même pas lui dire “C’est trop tard, je m’en fiche de ce que tu as à me raconter” parce que ce n’est pas vrai. La demoiselle est curieuse de nature, elle aime savoir. Et quand bien même elle ferait semblant de ne pas être intéressée par ce qu’il a à dire, cette curiosité va la ronger jusqu’à ce qu’elle cède et aille le trouver pour savoir ce qu’il avait de si important à lui dire. Alors, elle reste là, à attendre, pendant qu’il passe nerveusement une main dans ses cheveux. Il se dérobe de sa proximité pour faire les cent pas juste sous ses yeux. Elle patiente. Par son silence, elle lui offre un accord tacite quant à son écoute. Si c’est important au point qu’il se mette dans de tels états, elle lui doit au moins ça.

Et puis, son histoire commence. Elle ose à peine boire une gorgée de son thé déjà infusé. Elle craint trop de vomir soudainement cette gorgée sous ses yeux. Même si pour le moment, c’est la seule chose que tolère son estomac, la jeune femme préfère ne pas prendre de risque. Parce qu’il arrêterait son récit, parce qu’il s’inquiéterait probablement pour elle, et parce qu’elle se retrouverait au pied du mur et serait obligée de lui révéler leur petit secret. Elle ne considère même pas que c’est le sien de secret. Elle part du principe que pour faire l’amour, il faut être deux. Et pour procréer aussi. Bien que pour l’instant, il ne soit pas encore au courant. Ce bébé n’est pas que le sien. C’est le leur. L’espace de son récit, Linoa met de côté cette histoire de progéniture pour se concentrer sur lui, et uniquement lui. Bien avant qu’il ait terminé de lui raconter ce qu’il s’est passé à Détroit, elle a compris. Elle entend la détresse dans le son de sa voix. Son corps exprime mille regrets de ne pas avoir pu sauver cette femme témoin. Alexander souffre du syndrôme du super héros. Et cet échec est bien trop cuisant pour qu’il puisse le surmonter. Lorsque sa voix se brise sous l’émotion, Linoa se remet en mouvement. Elle dépose sa tasse sur la table et s’avance vers lui. Les traits de son visage exprime une torture bien trop profonde. C’est l’élément manquant pour enfin comprendre son comportement. C’est sans aucun doute ce qui a brisé son mariage avec Chelsea. C’est ce qui a aussi mis à mal leur relation. Avec douceur et tendresse, la jolie brune le serre contre elle. Aussitôt, son odeur l’enveloppe et malgré elle, elle prend une grande inspiration, se gorgeant de son parfum qui la rend dingue. Si elle s’écoutait, elle se laisserait aller à cette étreinte pour profiter du bienfait qu’elle ressent à être ainsi tout contre lui, mais ce n’est pas le moment. Délicatement, elle incline son visage vers le sien afin de pouvoir plonger ses orbes sombres dans ses magnifiques yeux bleus.

Ecoute moi bien, dit-elle d’une voix douce mais suffisamment autoritaire pour ne souffrir d’aucune contestation, ce n’est pas de ta faute si cette femme est décédée. Je veux que tu retires cette idée de la tête. Je comprends que ce soit difficile pour toi de l’entendre, mais tu ne peux pas souffrir comme ça d’un échec au détriment de toute ta vie, Alex.

Avec douceur, ses doigts caressent sa joue. Sous sa pulpe, elle sent la rugosité de sa barbe de trois jours qu’elle apprécie bien plus que de raison. Ce qu’elle n’aime pas, en revanche, c’est ce voile de douleur qui hante son regard.

Tu ne pourras jamais sauver tout le monde. C’est triste, mais c’est ainsi… Cette femme savait qu’en déposant plainte et en demandant une protection, elle encourait sa vie. Elle marque une légère pause avant de reprendre : Qu’est-ce que tu désires, Alex ? Vivre comme ça toute ta vie ? Être en proie à tes démons quotidiennement ? Ou est-ce qu’en venant ici cherchais-tu à te reconstruire ? Dis-moi, Alex…

Linoa l’observe sans s’éloigner de lui. Elle cherche dans son regard un signe que ses paroles font leur chemin en lui. Il n’y a que lui qui pourra prendre la décision d’aller mieux. Personne ne pourra à sa place. Même elle, malgré la force de ses sentiments pour lui, ne pourra pas l’aider s’il ne le désire pas lui-même. Sans le vouloir, ses yeux viennent se poser sur sa bouche qu’elle crève soudainement d’envie d’embrasser, mais elle se retient. Elle aussi doit se montrer plus forte que ses sentiments pour ne pas se laisser de nouveau aller à cette relation qui présentement n’a pas beaucoup d’espoir de s’améliorer.
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Alexander Thornhill

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MessageSujet: Re: Tu vas m'éviter encore longtemps ? (Linoa)   Tu vas m'éviter encore longtemps ? (Linoa) EmptyVen 12 Avr 2024 - 22:21

Linoa se tient devant moi. Je sens son malaise, je sens qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Comme si elle me cache quelque chose. Je préfère mettre ça sur le compte de notre récente séparation qui a érigé un mur entre nous plutôt que de succomber à la paranoïa. Je refuse de croire à l’idée que Linoa me cache quelque chose. Pourquoi le ferait-elle ? Elle a toujours été franche avec moi, n’a jamais hésité à me dire ce qu’elle pense. Je tente donc de faire taire la petite voix qui me chuchote de me méfier. Je me concentre sur son visage délicat, ses traits fins… Ma paume contre sa joue, je voudrais l’embrasser, lui faire oublier notre rupture pour pouvoir la prendre à nouveau dans mes bras. Mais c’est trop beau pour être vrai car Linoa me rappelle que nous avons parlé… ou plutôt, elle a parlé et moi je me suis contenté d’acquiescer, incapable de la retenir. Mais à présent, je regrette mon silence. Je me dis que je devrais lui dire la vérité. Elle mérite de savoir pourquoi mon esprit n’était jamais totalement présent. Alors je me lance dans une tirade. Je finis par lui dire ce qui me tourmente depuis tant de temps. Les mots glissent sur ma langue, ma parole est fluide, pourtant, je me sens chamboulé. Je n’ai plus parlé de cet évènement depuis un petit moment. C’est étrange car à la fois je me sens plus léger et en même temps… j’ai envie de m’écrouler sous le poids des regrets et de la culpabilité. Je me sens bien plus vieux que mes 34 ans. Un jour, mon ex-femme m’a affirmé que je possède une vieille âme… je n’ai jamais su ce que ça signifiait…

Quand ma voix s’éteint, ma poitrine me fait mal. Mon cœur semble vouloir s’échapper de ma poitrine pour atterrir à mes pieds. Il y a tant de choses que j’aurais pu faire ou ne pas faire pour sauver cette femme, pour sauver mon mariage. Et pourtant, je suis ici à Evernight Falls. Un témoin a perdu la vie et mon mariage n’est plus qu’une histoire ancienne.
Je suis ramené à la réalité quand j’entends le bruit d’une tasse que l’on pose. Je prête plus attention à mon environnement. Linoa a abandonné sa tasse pour faire ce que je voulais la voir faire un peu plus tôt. Je sens ses bras m’entourer, son corps se rapprocher du mien. Je saisis alors cette opportunité, mes bras se referment sur elle. Son parfum envahit mes sens, pénètre mon âme et l’apaise. Je sens les battements de mon cœur se calment. Je la serre un peu plus fort contre moi, j’espère que ce moment va s’éterniser car avec Linoa contre moi, j’en oublie presque tous les problèmes qui m’empêchent parfois de dormir. Puis je sens les mains de Linoa sur mon visage. Doucement, elle penche mon visage vers elle. Je me laisse faire, envoûter par sa douceur. Elle me dit alors ces mots que mon cerveau me répète constamment. Ces mots, parfois différents de ceux que je pense, restent les mêmes dans le fond. Je ne suis pas coupable, ce n’est pas moi qui ai assassiné cette femme. Ce n’est pas moi qui ai appuyé sur la détente. Je n’ai pas trahi ma fonction… pourtant, mon cœur n’arrive pas à y croire. Il continue de me faire croire que je suis le seul coupable. Et si, et si, me dit-il sournoisement. Mais ici, les choses sont différentes. Entendre la voix de Linoa m’affirmer, avec fermeté, que je n’ai pas à me reprocher la mort de mon témoin… mon cœur ne peut pas traiter la jolie brune de menteuse. Mon cœur bat pour elle, si je ne peux pas la croire… eh bien, je ne peux pas me faire confiance.

Après avoir plongé mon regard dans celui de la femme qui me fait face, je ferme les yeux. Je me laisse bercer par la douceur de sa voix. Quand j’ouvre les yeux, je hoche la tête doucement. Linoa a raison, je ne peux pas continuer à me laisser ronger par cette culpabilité qui ne m’appartient. Mais je sais également qu’elle ne disparaîtra pas du jour au lendemain. Ce sentiment est vraiment puissant, il restera sûrement toujours au fond de mon cœur. Mais je ne peux plus vivre sous son joug.

« Tu as raison… et je le sais, Linoa. Mais je n’arrive pas à me sortir de là… je revois son visage, la confiance qu’elle a placé en moi… »

Puis vient LA question. Qu’est-ce que je veux faire ? J’inspire profondément. Je ne me suis jamais vraiment posé la question. J’ai 34 ans et je n’ai jamais su ce que je voulais profondément pour ma vie. Quoi que si… il y a une chose que je veux. Et elle se trouve là, face à moi et me demande ce que je veux. Je veux Linoa à mes côtés. Je voudrais me rattraper, lui offrir la relation qu’elle mérite vraiment. La voir sourire, l’entendre rire… Je veux pouvoir me réveiller à nouveau à ses côtés, voir son visage endormi, ses cheveux éparpillés sur l’oreiller. J’ose alors lever la main, je glisse ma main dans ses beaux cheveux sombres. Je dois me faire violence pour ne pas l’embrasser passionnément. Le manque se fait sentir avec force. Je suis comme un drogué face à sa tentation.

« Je… je ne veux plus vivre comme ça… »

Ma voix est un murmure, presque inaudible. Mais je sais qu’elle entendra ma réponse, c’est si calme autour de nous. Je peux entendre son souffle lent et régulier. Mes yeux se posent sur son visage, caressent ses traits fins et s’arrêtent sur ses lèvres pulpeuses. Que Dieu me vienne en aide, je me penche vers son visage, attiré comme un aimant. Je ne peux plus résister…
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